Friendly Radio: Le Trou de la Lune

Nous sommes au mois de mai 2023, je suis accompagné des membres de l'association Imagine Tours avec laquelle nous sommes allés visiter un lieu assez insolite : le Trou de la Lune sur la rive droite d'Avignon. A savoir que ce lieu est très peu documenté malheureusement mais voici ce qu'il en est : Il faut savoir que le Trou de la Lune, bien qu'il y ait une partie en labyrinthe qui serpente les collines entre des grottes et des carrières, ces dernières ont servi à la découpe des pierres ayant servi à la construction du Palais des Papes. Mais un passé peu glorieux entoure ce lieu. Les nazis y ont séjourné...

Il s'avère que M. Sylvain Gagnière, conservateur du Palais des Papes en Avignon, voulait se pencher sur la restauration du Palais mais avant il voulait, à la fois, se tourner sur l'origine des pierres utilisées dans sa construction ainsi que des autres lieux historiques d'Avignon.

Une analyse a donné deux conclusions : d'une part, l'ensemble des monuments historiques de l'époque ont été construits avec de la pierre du Midi : mollasse marine du Burdigalien supérieur.

La molasse est un calcaire bioclastique, grossier beige ou jaunâtre c'est une pierre tendre, très facile à tailler, elle est résistante aux intempéries. A l'origine, elle contenait de nombreux fossiles d'ammonites. Les molasses marines du Burdigalien supérieur sont extraites de carrières situées entre Villeneuve Lez Avignon et les Angles ou se trouve le Trou de la Lune ainsi que du Bourg-Saint-André.

Les dalles de pavement en mollasse burdigalienne, grossière mais très résistante, venaient eux des carrières de Caromb dans le Comtat Venaissin

En 2004, un témoignage intéressant a été trouvé par un résidant des Angles, Philippe C., qui l'aurait transmis par la suite à Paul Mely, maire de la commune et qui raconte une histoire importante pour notre région.

En effet, l'ancien général Georges Jaquier, en mai 1944 était le chef du groupe Chantiers de la jeunesse stationné dans le vieux village et doit s’occuper de cent vingt jeunes gens qui effectuaient un service national leur évitant de partir pour le Service du travail obligatoire en Allemagne.

La mission de ces Chantiers de jeunesse : "formation physique, morale et professionnelle" était intéressante mais la tâche, faire des travaux de terrassement pour les Allemands "ne nous plaisaient pas beaucoup et ils progressaient avec une lenteur record", soulignait le général Jacquier entraînant signes d’énervement et de menaces des occupants. Le maire des Angles de cette époque lance une idée qui ne "manquait pas de culot" et qui calma le jeu : faire des tranchées pour faire l’adduction d’eau qui profiterait aux Allemands dont le Poste de Commandement (P.C.) de la résistance était en hauteur. Cette besogne avait permis d’avoir une relation excellente avec les habitants chez qui les jeunes logeaient ainsi qu’avec le maire et l’abbé Imbert et de procéder de manière régulière à la cérémonie aux couleurs dans la cour de l’Hôtel Beau, site bien connu à l'époque.

La situation évoluant rapidement, trois bombardements sont menés sur Avignon, mobilisant ces jeunes qui ont porté secours aux blessés et agonisants dans la chaleur d’août. Un exode spontané d’environ 3 000 personnes s’est constitué pour trouver refuge dans les carrières de gypse au Lozet et au Trou de la Lune.

À la demande du maire, les jeunes ont réconforté, aidé les plus démunis jusqu’au 23 août. " J’avais 11 ans et demi, les bombardements ne cessaient pas. Je vivais dans ces lieux. Le boulanger venait apporter du pain et des fougasses. Il y avait un dépôt de munitions allemandes. Nous sommes alors avertis que cela allait sauter. Les gaz se sont répandus dans les champignonnières. Nous nous sommes cachés près de la route menant à Tavel. Deux personnes sont restées. "L’une a été gazée, l’autre est décédée, le grand-père de Francine Giordano ", témoigne Georgette Genin. Le général Jacquier terminait sa mission avec ses jeunes à " la limite de leurs forces ". Après le débarquement sur les côtes de Provence, il retrouvait l’armée à Toulon avec 118 de ses protégés.

Aujourd'hui, à l 'abandon et tagué par endroit, il est possible d'y faire une randonnée et de voir une partie des grottes et des carrières. Pour la petite histoire il y avait une discothèque dans la carrière et une des grottes principales du Trou de la Lune. Discothèque fermée depuis.

- William Peyrol

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